mercredi 5 août 2009

Peretchyn - Khust

Une grande étape aujourd'hui (la plus longue de la rando) et la traversée de cette région qu'est la Transcarpathie, l'ancienne Ruthénie.
C'est une région un peu à part en Ukraine, puisqu'elle ne fait partie du pays que depuis 1945, sans l'approbation des locaux. Ici, les habitants se considèrent d'ailleurs comme ruthènes d'abord et ils parlent une langue (le rusyn) différente de l'ukrainien mais, comme toute langue slave, relativement proche de ses voisines polonaise, slovaque et ukrainienne. Mes mots de polonais sont suffisants pour se débrouiller dans la rue (il ne pas compter sur l'anglais par contre).

C'est aussi la première fois que l'on se frotte aux panneaux en cyrillique, faciles à transcrire une fois qu'on a fait l'effort d'apprendre quelques lettres spécifiques. Pas le choix de toute façon car il n'y a pas de double affichage en alphabet latin. Bien entendu, pas de carte précise à disposition mais le miracle internet est là:  il est possible de consulter des cartes ukrainiennes, avec évidemment le nom des villages en cyrillique. Très pratique dans un pays où les panneaux sont rares. (Merci Wiki pour ce lien...)

On va où, là ?
Pour le trajet, on évite le grand axe Oudjgorod-Khust en passant par des petites routes d'arrières pays. Pas vraiment montagneux, mais vallonnées quand même avec des petites grimpettes.


Dernier point, mieux vaut prévoir de l'argent d'avance car il n'y a pas beaucoup de distributeurs. Le mieux d'anticiper un petit paquet d'euros et faire l'échange en banque (L'euro est bien sur accepté sans problèmes), les cours sont connus et il n'y a pas d'usure pratiqué sur les devises. A l'usage, il s'avère que la commission bancaire est bien moins importante que ce que coute les achats et retraits par Carte Bleue.

Le départ est quand même difficile (des restes de notre soirée d'hier) car la température a franchement baissé à cause des orages de la nuit. Au bout d'une demi-heure, la pluie retombe même tellement fort que l'on doit s'arrêter : un bonne pluie d'été continentale, bien drue empêchant de voir la route et nous trempant jusqu'aux os (pas très prudent de rouler dans ces conditions). Par trois fois en matinée d'ailleurs, il faudra s'arrêter à cause de cette pluie.
Heureusement, la circulation n'est pas trop forte et la route de qualité correcte. La seule angoisse sera de slalomer au travers d'un troupeau de vaches traversant la route.

Maisons en bois, église orthodoxe, Lada...
Pas de doutes, nous sommes en Ukraine
Ces conditions ne sont pas fait pour nous faire avancer, et on ressent un certain découragement à 13h quand on se rend compte qu'il nous a fallu 4 heures pour faire 50 kms. La pluie et le froid humide nous ont bien ralentis et même fatigués à un point que pour une des rares fois on se fait un resto le midi au lieu de l'habituel casse-croute/pique-nique. En se souvenant du repas "cycliste" conseillé par Dusan deux jours plus tôt, on s'en tient à une alimentation roborative : soupe, pâtes et thé chaud qui nous réchauffe et réconforte bien.

Et puis l'éclaircie : le soleil revient, la température remonte et notre moral aussi. La route est bien plus agréable et nous pouvons profiter un peu mieux des paysages. Un paysage qui rappelle nos moyennes montagnes françaises, Vosges et Jura, et ces élevages extensifs. Les villages se ressemblent tous mais ont tous cet ambiance des pays de l'est...
Pas beaucoup de richesses, mais ce n'est pas la misère non plus ; on y vit comme dans nos campagnes d'il y a 30 ans ; on fait brouter la vache au bord de la route, on récupère de l'herbe pour les lapins et ont fait divers travaux...

Paysage classique de la Ruthènie
Pour améliorer l'ordinaire, beaucoup de jeunes et d'anciens font de la cueillette pour vendre au bord de la route (beaucoup de prunes, mures et champignons...). En tout cas, aucun soucis pour la route : les gens sont amicaux et nombreux sont ceux qui nous saluent, et lors de nos pauses, il y a toujours un curieux pour demander d'où l'on vient (pas facile sans l'anglais) et nous transmettre ses encouragements...
Discussion serrée : on ne veut qu'un barquette de fruit !
Pour améliorer notre ordinaire, on s'arrête devant une famille (d'origine rom, certainement) qui vendaient leur cueillette au bord de la route. Pour eux, c'est l'occasion de vendre un seau de prunes (3/4 kg ?) pour l'équivalent de 10 grivnas (soit 1€). Nous, nous voulions simplement une petite barquette pour gouter car on se voyait mal transporter un seau de fruits en vélo... Impossible de se faire comprendre, eux ne parlant que ... heu.. rom ? ukrainien ? Rusyn ? et nous, nous n'avions que l'anglais. Bref, 10 minutes de palabres pour avoir quelques fruits, eux souhaitant que nous prenions un seau entier (mais c'est impossible en vélo...), bien sur de manière très amicale.
On arrive enfin à avoir notre fond de sac de fruits, et nous payons bien sur les 10 grivnas comme si nous avions pris un seau entier. Un des jeunes nous fait remarquer que c'est trop et qu'il n'a pas de monnaie (Bizarrement, on se comprend plus facilement quand il est question d'argent), mais nous insistons pour qu'il garde tout. Bref, il n'y avait pas volonté de nous arnaquer de leur part, juste l'envie de bien nous ravitailler en fruit pour la suite de notre voyage...

Tous ces intermèdes font que notre route se passe bien mieux qu'en matinée, et nous trouvons l'énergie nécessaires pour finir la journée à Khust comme prévu. De toute façon, il n'y avait aucun moyen de dormir dans les villages et vu le temps toujours menaçant, il n'aurait pas été prudent de dormir à la belle étoile. Dans les faits, c'est 126 kms qui seront parcourus avec une arrivée pas trop tardive à 20h30, signe qu'on a bien mieux roulé l'après-midi sans pour autant rogner sur les pauses. Du soleil et pas de pannes, c'est bien d'avoir un peu de chance de notre côté aussi.
A Khust, nous dormons dans un hôtel, repéré également à l'avance sur internet...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire