jeudi 20 août 2009

Conclusion Carpates 2009

1085 km au compteur (à peu de choses près), un dénivelé positif de 8400 m, un dénivelé négatif de 7860 m... Pas de doutes, on a profité de quelques étapes montagnardes.

En terme d'organisation, on trouve de tout sur place, pas la peine de se surcharger. Par contre, mieux vaut prévoir ces pièces de rechanges pour le vélo car une grosse panne, et c'est quasi la certitude de rester au bord de la route. On a bien fait de réviser notre matériel avant de partir. Il est vrai qu'il est bien plus agréable de rouler dans la crainte de la crevaison, et surtout d'arriver à des horaires corrects plutôt que d'attendre au bout du chemin.

Point positif : des parcours intéressants, de superbes paysages, des cultures différentes d'une frontière à l'autre.. et surtout : de nombreuses rencontres et échanges avec de nombreuses personnes, de toutes nos randos, c'est dans cette région qu'on a reçu le meilleur accueil.

Outre ces nombreux échanges, nous avons la satisfaction d'avoir réussi ces étapes plus relevées que la plaine du Nord. Malgré le poids des sacoches, grimper un col n'est pas trop difficile du moment qu'on prenne son temps et qu'on ne cherchait pas à bruler les étapes. Et puis, quelle récompense d'arriver au sommet !

Pour la prochaine rando, nous avions le choix entre la plaine ukrainienne ou les Balkans... autant dire que c'est la montagne et la perspective de faire des régions sauvages qui ont guidé notre choix. Rendez-vous pour les Balkans en 2010 !

samedi 15 août 2009

Bucarest - Lyon

Retour en France en avion, comme de coutume. Bucarest et un point de chute intéressant, car il y a deux aéroports, dont un, Banaesa, réservé aux low costs. C'est ainsi qu'on a pu trouver une compagnie qui faisait la liaison avec la France : Blue air.
ça a beau être une compagnie roumaine, elle fait les même prestations que nos compagnies low cost classique. Quand à la taxe vélo, elle est de 25 €, ce qui est très abordable.
Nous rentrons par Lyon (où nous disposons d'un point de chute), et nous pourrons reprendre un TGV pour nos destinations respectives.

Nous regagnons l'aéroport par notre propre moyens. Le vol étant en début d'après-midi, ce n'est pas un souci. Quand à la circulation bucarestoise, réputée dangereuse, ce n'est pas un problème en ce 15 aout. De toute façon, les grands boulevards de périphérie possèdent des pistes cyclables.

Sur notre passage, un petit arrêt à l'arc de triomphe de Bucarest. Copié sur le notre...
Comme un symbole de notre rando...
Nous arrivons à Banaesa sans problèmes (d'autant que m'étant trompé sur l'horaire, nous avons deux heures d'avance), et la compagnie s'occupe de nos montures sans problèmes (prise en charge des vélos dès le comptoirs).
Une nouvelle fois, opération démontage.
Epilogue :
Pour rallier Lyon centre, il existait des bus qui font la navette avec la part-Dieu. Après avoir hésité car c'était remettre les vélos en sacoche dans els soutes), on se décide à retourner en ville en vélo (on était plus à 25 kms près). Après tout, la ville était encore calme en ce 15 aout...

Depuis cet été 2011, un tram fait la liaison Part-Dieu - St Exupéry.

vendredi 14 août 2009

Sighişoara - Bucarest

Il faut donc rallier Bucarest, on nous reprendrons notre avion pour la France. A 285 kms de la ville, nous faisons le trajet en train. C'est une ligne directe, certes, mais c'est 6 heures de trajets qui nous attendent. Nous prenons la grande ligne Budapest-Bucarest, et évidemment, elle arrive avec 45 minutes de retard... retard que le train ne comblera jamais, roulant même 7 heures. C'est long, mais heureusement, pour nous tenir compagnie, nous partageons un compartiment avec 3 jeunes grecques qui font également un petit tour des Balkans, mais par le train...
Pour nos vélos, pas de place réservée dans le train, on les cale tant bien que mal en queue su dernier wagon. Bien sur, il faut payer la surtaxe vélo. Là, le contrôleur me fait comprendre que comme c'est un long trajet, il faut payer double taxe, mais , en donnant plus que la première taxe, il s'arrangeait avec son collègue pour que je paie moins (en gros, 40 lei au lieu des 60...). Bon, on saura jamais si notre gars s'est offert un petit pourboire sur notre dos, où s'il a vraiment voulu nous aider, mais au moins, nous n'avons pas été embêté par la suite.

Nous logeons à Bucarest dans une auberge de jeunesse conseillée par le Lonely. Bien placée car a à peine un quart d'heure à pied du centre ville. Nous passons la fin de l'après-midi et la soirée à visiter Bucarest
Du boulot en perspective pour l'Edf roumaine
Encore une fois, je ne referais pas le guide touristique de Bucarest, mais quand même, quelques mots pour cette ville étonnante. A l'image de la Roumanie, on y trouve autant de buildings modernes que de maisons anciennes et décrépites.
Vieilles maisons de Bucarest dans le quartier de la gare.
A coté de ses vieux quartiers, il y a d'autres, à base de villas et de grands espaces verts, donnant un air de petit Berlin...
Petite villa de périphérie
Quand au centre ville ancien, rescapée des délires de Ceaucescu, c'est une alternance de maisons délabrées et d'autres parfaitement restaurées. On y retrouve quelques monuments qui faisait de Bucarest "le petit Paris" des années 30. Surtout, à partir de 19 heures, les terrasses s'animent et débute une forte activité festive qui dure une bonne partie de la nuit.
L'animation du vieux centre ville.
Quand aux reconstructions de Ceaucescu, impensable de passer outre l'immense palais du peuple
Le fameux palais du peuple.
Immense, évidemment, on se demande comment on a pu penser à construire un tel bâtiment qui a finalement aidé à la chute du dictateur. Quand au boulevard de l'union qui lui fait face (l'ancienne avenue du socialisme triomphant, il fut construit pour être le pendant des Champs-Élysées. Plus large que l'avenue parisienne, il présente en façade de nombreux bâtiments à parements en marbre, dans un style communiste, certes, mais pas forcément moche. Ce qui intéressant, c'est que lorsqu'on voit l'arrière des bâtiments, on constate que le marbre n'est que parement et que derrière, c'est que briques et autres façades décrépies. Un résumé du régime de Ceaucescu finalement ; de la grandeur de façade, mais des bases chancelantes...

jeudi 13 août 2009

Eglises fortifiées saxonnes

On a un peu tergiversé pour notre dernière grande étape. On aurait bien voulu rejoindre Braşov -mais cette ville était trop loin (125 km)- ou Sibiu, mais le parcours en train vers Bucarest aurait été difficile.
Nous faisons donc le choix d'un petit circuit, par les villages saxons et ces églises fortifiées.

Pourquoi saxons ? Au 13ème siècle, il y a un un transfert de population allemande pour repeupler un pays dévasté par les invasions mongols. Cette zone était une marche frontière entre Hongrie et principautés roumaines, puis turques. Autant dire que les passages d'armées durent nombreux, et pour se protéger, les habitants construisirent ces fameuses églises fortifiées.

On cheminera dans un paysages de collines (quelques montées pour un peu se fatiguer quand même), avec des arrêts dans des villages pour visiter quelques églises. Puisque nous faisons une boucle, on aura pas à trainer les sacoches.

Une étape qui permet de plonger dans la Roumanie profonde, avec ses villages d'un autre age et moins bien entretenus que ce que nous avons pu voir en Maramures ou en Moldavie. La minorité allemande qui existait jusque là, a été chassé par Ceausecu qui a fait payer à la RFA le départ de chaque habitant. Dans ses villages désertées, on a relogé de force des roms, créant une certaine tension entre anciens et nouveaux habitants.

Les églises sont intéressantes, mais toutes ne se visitent pas
On remarquera les églises d'Apold, de Brădeni, de Iacobeni (qui a été restauré pour en faire un lieu de pèlerinage)
L'église fortifiée de Jacobeni.
Agnita, Richiș.
Dans ce village, nous trouvons l’église ouverte et nous en profitons pour la visiter. Nous tombons sur une équipe de TV en train de filmer l’intérieur et qui interview un ancien du village : un des rares allemands qui soient restés. Grâce à un jeune qui parlait anglais, cet homme nous a décrit une église dont il était très fier : Bien que cette église soit réservée au culte protestant, ils ont conservé les sculptures et peintures moyenâgeuse qui en font une église "riche", bien loin du rigorisme luthérien.
Notre visite de l'église de Richis
Enfin, l'incontournable : Biertan, l'église fortifiée typique de la région. Un lieu intéressant mais très (trop ?) touristique, et finalement avec moins de charme que les petites églises plus isolées que nous avons vu avant. A la vue du village, on a vraiment l'impression de se retrouver en pays alsacien.
Biertan, un village saxon typique.
L'église fortifiée de Biertan
Le retour sur Sighisoara se fera sous le signe de la vitesse. Puisque c'était nos derniers kilomètres et sans sacoches, on s'est lancé dans une pointe de vitesse en faisant un train. Le plat nous a bien aidé, mais rouler à près de 35 à l'heure sur 20 kms, ça a son effet.
Autant dire que la piscine de notre hôtel camping a reçu une visite bien méritée.

ça y est, les grandes étapes sont terminées, il ne reste plus qu'à rejoindre Bucarest.

mercredi 12 août 2009

Odorheiu Secuiesc - Sighişoara

Étape courte, car placée sous le signe du tourisme. Petit parcours le matin et visite de Sighişoara l'après-midi



Un parcours sans réel difficulté. La pluie revient : un petite bruine peu gênante, mais on y gagne des projections des voitures qui nous doublent. Comme on se laisse rouler, on arrive même à se paumer et prendre une mauvaise route. Vraiment, le peu de panneau de nous aide pas.
Un village parmi d'autres. Les charrettes sont toujours présentes en Roumanie
Bref, on arrive à 13h à Sighişoara, on trouve à se loger facile dans un hôtel camping qui possède une piscine.

Après-midi tourisme à Sighişoara, pas la peine de réécrire un guide touristique. La ville vaut le détour, et est en train d'être réhabilitée pour un meilleur accueil touristique. A noter dans cette région une influence allemande perceptible, du fait d'une immigration germanique au moyen-age.

Porte des fortifications
Une rue de la ville haute
Place centrale

mardi 11 août 2009

Gheorgheni - Odorheiu Secuiesc

Avant de partir, un petit retour par Gheorhgheni. Toute cette région de la Transylvanie est habitée par une importante minorité hongroise, et on y parle autant hongrois que roumain.

Et cette ville reflète bien les vicissitudes des relations entre Hongrois et Roumain... enfin, surtout des grandes idées de Ceaucescu. Comme beaucoup de dictateur, il se prenait pour le plus grand dirigeant qui soit, et a forcement développé une idée de grande Roumanie avec un seul peuple roumain, excluant de fait Hongrois et Roms. Et à Gheorheni ?
L'ancien Gheorgheni
L'arrivée par la grande route évite soigneusement la vieille ville typiquement hongroise. En revanche, elle nous a permis d'admirer les immeubles (moches) du socialisme triomphant : une belle preuve de la réussite de l'économie roumaine planifiée, qu'il fallait montrer...
Le nouveau Gheorgheni
Avant de reprendre la route, nous cherchons vélociste pour faire réparer nos roues et changer nos rayons cassés. On trouve des magasins, sans problèmes, par contre, ils n'ont que des pièces standards, pas adaptées à nos vélos. Donc, prévoir ces pièces de rechanges en Roumanie...

On retraverse donc un nouvel arc carpatique avec un col encore : celui de Bucin. cela devient vraiment une habitude et on le passe sans problèmes. La montée étant assez facile, c'est à mon tour de prendre quelques points dans le classement de la montagne.


Après ce col, on peut enfin profiter d'une belle descente car nous retrouvons une route en bonne état. C'est un bonheur de se dérouiller le jambes de cette manière. Quelle surprise d'arriver à Prad, alors qu'il n'est que 13 heures et que nous avons fait les deux tiers de l'étape.
Arrivée à Prad
L'après-midi se passe tout aussi tranquillement dans un paysages moins montagnard, mais quand même vallonné. A noter le village de Corund, qui possède de nombreux magasins d'artisanat Sicule. La route étant bien meilleure, on passe les buttes sans soucis, et on arrive à Odorheiu Secuiesc, capitale du pays sicule, tôt dans l'après-midi.
Paysage du pays Sicule.
Qui sont les Sicules ? Une minorité magyarophone installée en Roumanie depuis des siècles, avec des fois des tensions avec le pouvoir de Bucarest. Dans les rues, on parle autant hongrois que roumain et pour faire plaisir aux gens, on dit les mots de base dans les deux langues...Le centre ville a gardé sans charme ancien de ville montagnarde et mérite le détour.

Pour nous, c'est l'occasion de profiter d'une ville qui s'ouvre au tourisme. Nous logeons dans une pension impeccablement tenu. Cerise sur le gâteau, elle offre une prestation sauna/Jacuzzi. Vu nos débuts de crampes et autres douleurs dorsales, c'est un bonheur de se laisser un peu aller à quelques bulles, surtout pour une prestation de 16 lei (soit 4 €). Une médecine efficace car toutes nos douleurs sont évanouies le lendemain...

lundi 10 août 2009

Piatra Neamţ - Gheorgheni

Reprise de la rando pour cette deuxième semaine, avec au programme la retraversée de l'arc des Carpates.


De la bonne grimpette en perspective. Pour commencer, une petite crevaison, mais tellement insignifiante qu'on en rigole...
La seule du voyage... Pour être sur qu'on a pas oublié les gestes de bases

Une première partie du trajet tranquille, on passe des villages en grimpant tranquillement. Le paysage est beau par endroits, mais autour de Bicaz, gaché par la présence de ruines de nombreuses cimenteries et autres industries lourdes (elles profitaient du barrage hydro-électrique tout proche). Vu les tas de déchets, gravats, l'entretien du paysage n'ets malheureusement pas la préoccupation première des roumains.
Après le pique-nique du midi : la partie la plus intéressante : les gorges de Bicaz (dites gorges du diable) et le col du même nom.
De la belle montée en perspective

Les gorges d'abord : d'un coup, on se retrouve face à une muraille : juste un passage pour la rivière et la route. Une route impressionnante (défoncée comme il se doit) qui s'attaque à la montagne en lacets raides : les panneaux de pente supérieure à 10 % ajoute au grandiose de la scène.
Surtout, c'est un lieu très touristiques : de nombreuses échoppes de souvenirs se situent le long de la route, il y a beaucoup de monde de la route pour admirer le paysage. Le coté sympathique c'est que ces personne nous encourage le long des lacets. Ce n'est pas l'Alpe d'Huez, mais on en ressent l'ambiance.

Dommage que la photo ne rende pas compte de la profondeur de ces gorges.
Après cette première montée, on admire sur un léger plateau le lac rouge, lac naturel formé par un glissement de terrain. Intéressant de par les cimes des arbres noyés qui émergent de l'eau.

Vue du Lacul Roşu

Enfin, l'ultime montée vers le col de Bicaz, qui mérite bien son nom. Moins haut que Prislop, mais plus de 1200 mètres quand même. Superbe vue au sommet sur la vallée de Gheorgheni et bravo à Dur qui reprend des points pour le maillot à poids.
La descente s'annonce superbe, mais est gâchée par l'état de la route. Beaucoup de nids de poule, de revêtement dégradé ou changeant. Bref, impossible de prendre de la vitesse, car on zigzague souvent, et le poids des bagages rend la manœuvre difficile. On arrive quand même à Gheorgheni sans soucis, mais nous sommes surs que des rayons ont pété dans cette descente. Nos roues tiennent quand même le coup, heureusement qu'elles sont prévues "randonnées".

L'entrée à Gheorgheni est surprenante, car n'y voyons que des immeubles des années 70 bien loin de la description du Lonely qui parlait d'une ville typique au style Hongrois. On retrouve finalement le centre ville en passant par des petites routes et nous logeons dans une pension impeccable (le Lazar) conseillée par le Lonely. Anecdote, on a communiqué avec notre hôtesse en Espagnol (langue qu'elle maitrisait très bien). Étonnant en plein pays de culture hongroise...

dimanche 9 août 2009

Vatra Dornai - Piatra Neamţ

L'heure d'un premier bilan et la satisfaction d'avoir déjà fait un bon chemin. Quasi 700 kms de fait en une semaine, c'est notre plus long parcours d'un seul tenant jusqu'ici. De beaux paysages et de bonnes rencontres, peu de problèmes : un bilan globalement positif. Reste à gérer la seconde semaine. Nous avions le choix entre continuer en Moldavie, ou rouler vers la Transylvanie.
La difficulté étant d'élaborer des étapes pas trop longues et de profiter des paysages, nous optons donc pour la Transylvanie ; ses Carpates et ses villes typiques.

Comme la ville la plus proche (Bicaz) dans cette direction est à 120 kms, on se décide à faire notre traditionnel étape repos en faisant ce parcours en train. L'occasion de découvrir les transports roumains (pour être précis, le site des chemins de fer roumains m'avait permis de simuler quelques parcours), surtout que nous sommes obligés de faire 2 changements à Suceava et Bacău

Les trains roumains...
Vieux, lents mais bon marché ; ce n'est pas la meilleure solution pour transporter des cycles. Contrairement à la Pologne, rien n'est prévu pour le transport des vélos sur des petites lignes. Le point bonus : une taxe vélo est prévue et est exigible... au bon vouloir des contrôleurs. Certains la demandent, d'autres non. Ce flou fait qu'on a des fois l'impression de se faire un peu avoir et qu'on ne fait que donner un pourboire ; mais bon comment discuter ?

On range les vélos comme on peut...
Pour les vélos, nous avons désormais l'habitude charger toutes nos affaires en quatrième vitesse. Comme rien n'est prévu pour les vélos, nous appliquons la méthode du randonneur cycliste : au fond de la rame de queue

Le transport en vélo se passe sans soucis : certaines personnes essaient de discuter avec nous. Bon, le roumain est peut-être une langue latine, mais c'est vraiment impossible d'y reconnaitre le moindre mot. On nous rappelle également qu'il faut surveiller nos affaires à cause des roms... Sincèrement, on a eu aucun problème de ce coté.

On arrive à Piatra Neamţ en milieu d'après-midi. La ville semble touristique (un téléphérique relie la gare à la montagne toute proche) et nous n'arrivons pas à trouver un hôtel bon marché. On doit se rabattre vers une petite pension à l'extérieur de la ville, et comme nous avons le temps, on va se dégourdir les jambes en faisant un peu de tourisme en vélo...



Place centrale de Piatra Neamţ

A la pension, nous terminons la soirée à discuter avec un des serveurs, qui parle un très bon français. L'occasion de discuter de la Roumanie d'avant et d'après 1989...

samedi 8 août 2009

Borşa - Vatra Dornei

Le grand jour est arrivé, on se frotte à notre premier grand col. Depuis le temps que l'on souhaitait un peu de difficulté, nous sommes servis.
Enfin ramenons les choses à leurs justes valeurs : ce n'est pas l'Alpe d'Huez, et grimper ce col n'a rien d'insurmontable, mais comme toute première fois, on se demande comment cela va se passer...


Une étape basée sur la grimpette, avec la joie de commencer immédiatement par une montée.
Une règle de base quand on s'attaque à un col : on est pas au tour de France et cela ne sert à rien de se presser à arriver au plus vite. Chacun à sa vitesse et que le meilleur gagne, pour une telle montée, l'essentiel étant de ne pas se mettre dans le rouge et de profiter de chaque moment de plat pour se dégourdir un peu les jambes.
Physiquement et techniquement, la montée de ce col rien d'insurmontable, mais est lassante à force car cet ascension nous a pris 2 heures; c'est long à la fin. Le coté sympathique étant quand même les encouragements des voitures nous doublant dans cette montée.
Col vaincu. Bravo à Dur qui prend des points pour le maillots à pois

Une ascension qui valait le coup, car le paysage est beau et les points de vue magnifiques. On a bien fait de garder nos coupes-vent à portée de main, car on sent nettement le rafraichissement de l'air.
Panorama au col de Prislop

La suite de l'étape n'est qu'une longue descente vers Vatra Dornei, avec la perspective de s'éclater à faire des pointes vitesses. Là, il fallut vite se calmer : l'état de la route, que nous n'avions pas remarqué lors de la montée du fait de notre lenteur, s'est bien dégradée, et nous devons slalomer entre trous, nids de poules, fissures, décapages et autres rustines.
Peu agréable donc, car il fallait tout le temps freiner et le matériel et soumis à rude épreuve. A cause des cahots et autres chocs, on a retrouvé plusieurs rayons cassés ou tordus le soir. Heureusement, nos roues ne sont pas trop voilées.

Une descente parsemée d'embuches
On reste dans un environnement montagnard, fait de moyenne montagne et de sapins. passé le col, nous entrons en Moldavie. Les villages sont plus rares, mais on constate que même sans grandes richesses, les villageois se font un point d'honneur à avoir des maisons entretenues et décorées.

Maison typique de la région

Encore une fois, on arrive à un horaire plus que raisonnable à Vatra Dornei, petite ville de moyenne montagne. Rien de grandiose, mais des maisons de maitres et des parties piétonnes nous font faire une visite agréable et reposante. C'est dans cette ville qu'on s'est rendu compte du problèmes des chiens errants de Roumanie.

A l'époque, Ceaucescu avait décidé que posséder un animal de compagnie était petit-bourgeois et que tout propriétaire d'animal serait taxé. Réaction des gens : abandon des chiens en pleine nature, qui se sont bien reproduits depuis et sont nombreux en bordure des routes. Malgré la crainte pour nos jambes de cyclistes, ils sont rarement agressifs, et nous n'avons pas eu à fuir face à une meute. Il y eut bien quelques roquets présomptueux, mais ça se tenait à un aboiement de rigueur. pas pire donc que ce que l'on peut croiser en France.
Le problème donc, c'est surtout quand ils se mettent à aboyer tous ensemble (bien sur, à partir de minuit) : de quoi empêcher de dormir une bonne partie de la nuit.

vendredi 7 août 2009

Sighetu Marmaţiei - Borşa

Notre première étape roumaine.
Un parcours intéressant car nous remontons la vallée de l'Iza, en plein dans la région de Maramureş.

Contrairement au reste de la Roumanie, cette région a été épargnée par les folies collectivistes de Ceaucescu, et présente encore un aspect ancien. Le lieu est également réputé pour ses églises en bois du 17ème siècle, avec une architecture bien particulière.
Village typique du Maramureş
Portail de ferme
Le bois est omniprésent, et les habitants ont développé une architecture typique avec des toits pointus et de nombreux portails. Les villages s'étirent le long des routes, et comme la circulation n'est pas trop importante, on a le temps d'observer la vie locale et de s'imprégner de l'ambiance roumaine. On en profite également pour faire quelques visites, comme le monastère de Bârsana, qui n'a que 20 ans, mais qui a été construit dans le style local

On visite également des églises anciennes, dans ce même style authentique, impressionnantes par leurs riches fresques anciennes, comme les orthodoxes savent le faire.

L'église en bois de Rozavlea
C'est donc notre premier contact avec la Roumanie et les roumains. Concernant la route, il est écrit partout l'état déplorable du réseau routier et la folle conduite roumaine. La route n'est pas extra, c'est vrai, mais bien praticable en vélo. Les nids de poules sont nombreux de temps à autre et il faut alors se livrer à un véritable slalom. Quand à la conduite roumaine, elle n'est pas pire que la polonaise ou lettone. Ici aussi, ils ont le culte de la vitesse mais respectent quand même les véhicules lents sur le côté (entre les vélos et les charrettes, il y a de quoi faire). Il n'en est pas de même envers les autres voitures, où plus d'une fois, on a assisté à des dépassements/croisements plus que limite !

Quand aux roumains, on retrouve le même état d'esprit que dans les autres pays de l'est : amicaux et curieux de notre voyage. Lors d'une pause dans un village, une mamie nous interpella. Elle ne devait pas être bien riche, avec sa maison pas terminée, les poules dans la basse-cour et la lessiveuse sur la feu pour la journée. Pourtant, c'est spontanément qu'elle nous donna quelques concombres pour le voyage, refusant même un petit billet de 1 Lei que je lui donnait pour la dédommager. Très gentil de sa part, et c'est dans c'est moment qu'on est bien content d'avoir appris deux-trois mots de roumain pour la remercier.

Ravitaillement surprise
La langue roumaine justement. Langue latine, elle est réputée du français. A la lecture c'est vrai : après le polonais et le cyrillique, lire du roumain est un jeu d'enfant car les mots sont proches du français. A l'oreille par contre, c'est autre chose, avec des sonorités se rapprochant plus du slaves que des langues latines. Impossible de raccrocher une conversation, et nous nous en tenons aux mots simples. Mais de manière générale (du moins dans les villes), les roumains sont polyglottes et parlent anglais ou français.


Pour en revenir au parcours, une étape agréable permettant de découvrir la campagne roumaine. Le temps est bon et la vallée se remonte sans problème. A partir de Sacel, on attaque vraiment les contreforts des Carpates et la pente devient plus prononcée. Les 15 derniers kms avant Borşa se révélèrent plus difficiles, et c'est en découvrant le dénivelé que l'on comprit pourquoi nous étions si lent sur la fin. On constate quand même que nous devenons efficace pour rouler car nous arrivons relativement tôt à Borşa à 17 h, sans se priver de pauses et visites, alors qu'auparavant, nous ne serions pas arrivés avant 19 h.

Borşa sans grand intérêt touristique, mais est quand même une station de ski en devenir. C'est en tout cas une étape idéale avant de s'attaquer à notre premier grand col.

jeudi 6 août 2009

Khust - Sighetu Marmaţiei

Après la longue étape de la veille, une étape de transition pour se reposer un peu, mais aussi pour préparer les grosses étapes de Roumanie. Comme on retraverse la frontière ukrainienne, on se met à anticiper des longs moments d'attente.


On part plus tardivement, ce qui permet de visiter un peu la ville. Rien d'exceptionnel en elle même, et typique des villes soviétiques : ses immeubles du centre franchement défraichis, son église à bulbes dorées, son marché alimentaire... Au moins, ça nous aura permis d'éviter la pluie qui retombe ce matin là.

Centre ville de Khust
On part tranquillement vers midi. Le début du trajet est pénible à cause de la forte circulation et des projections d'eaux sales. Heureusement le soleil revient en début d'après-midi, mais jusque à la frontière, la circulation restera importante. Seule anecdote, lors d'une pause, on se fait accoster par un gars passablement alcoolisé qui nous débite son baratin pendant 10 minutes et qui nous prend pour ses nouveaux amis par ce que j'ai eu le malheur de lui dire deux mots en rusyn. Aucun danger cependant et bonne rigolade de son voisin qui a assisté à toute la scène.

Restait le moment de vérité : le passage de la frontière avec la Roumanie.
Déjà, on passe par un poste frontière nouvellement établie que j'ai découvert en préparant la rando (les points de passages sont rares entre Ukraine et Roumanie et ce passage est absent des vieilles cartes), et on ne sait s'il y a des restrictions de passages.
En fait, les autorités ont fait bâtir un pont entre Slotvyna (Ukraine) et Sighetu (Roumanie), qui tient plus de la passerelle. Les camions ne peuvent y passer et les voitures une seule à la fois. Seules les locaux des deux bords de la Tisza y passent.

Des locaux qui profitent bien de ce passage, car on constate une bonne file d'attente au poste de passage (les roumains faisant leurs courses en Ukraine, surement), on se dit que c'est reparti pour une heure d'attente, car on imagine les tracasseries administratives rien qu'à la vue des voitures passant sur un pont pour vérification du châssis. Le premier douanier qui passe empoche nos passeports pour vérification, constate qu'on est français et la...

Alors que l'on se met à la queue comme tout le monde, le gars nous demande de le suivre et nous dirige vers la cahute où l'on tamponne les passeports, en interpellant son collègue (En ukrainien, évidemment). Il est facile de comprendre qu'il va nous faire passer devant tout le monde, avec la bénédiction des douanes ukrainiennes : effectivement, le planton n'y trouve rien à redire et tamponne nos passeports consciencieusement. Nous pouvons sortir d'Ukraine ! Évidemment, à la désagréable surprise des roumains qui faisaient la queue, et qui doivent patienter bien plus longtemps que notre petit quart d'heure, montre en main, de passage de douane.
Une bien bonne surprise après nos embêtements d'entrée au pays.

L'entrée en Roumanie ne pose aucun problème : une simple vérification des papiers (pas de tampons) et nous pouvons rouler. Nous arrivons à Sighetu Marmaţiei où nous logeons dans un hôtel peu cher conseillé par le Lonely.
Pourtant, la façade était engageante...
Le Coroana (pour ne pas le nommer) nous rappelle le Victorija de Klapeida. L'hôtel eut surement son heure de gloire sous Ceauşescu et est typique des hôtels communistes : salle de rection immense, grands et hauts couloirs, des plantes partout... mais aussi les tapis élimés, les couloirs sombres et sa salle de bain avec une douche... sans bac de douche. L'évacuation se fait par un simple trou... On se dit que cela fait partie du voyage et qu'il faut au moins un hôtel délabré par rando. Ceci dit, vu qu'on y est que pour dormir, c'est bien suffisant !

Cela n’empêche pas de profiter de notre première soirée. Pour l'argent, la Roumanie utilise des Lei (4 leu pour 1 euro). il y a suffisement de distributeurs dans les villes pour se faire de l'argent de poche.

mercredi 5 août 2009

Peretchyn - Khust

Une grande étape aujourd'hui (la plus longue de la rando) et la traversée de cette région qu'est la Transcarpathie, l'ancienne Ruthénie.
C'est une région un peu à part en Ukraine, puisqu'elle ne fait partie du pays que depuis 1945, sans l'approbation des locaux. Ici, les habitants se considèrent d'ailleurs comme ruthènes d'abord et ils parlent une langue (le rusyn) différente de l'ukrainien mais, comme toute langue slave, relativement proche de ses voisines polonaise, slovaque et ukrainienne. Mes mots de polonais sont suffisants pour se débrouiller dans la rue (il ne pas compter sur l'anglais par contre).

C'est aussi la première fois que l'on se frotte aux panneaux en cyrillique, faciles à transcrire une fois qu'on a fait l'effort d'apprendre quelques lettres spécifiques. Pas le choix de toute façon car il n'y a pas de double affichage en alphabet latin. Bien entendu, pas de carte précise à disposition mais le miracle internet est là:  il est possible de consulter des cartes ukrainiennes, avec évidemment le nom des villages en cyrillique. Très pratique dans un pays où les panneaux sont rares. (Merci Wiki pour ce lien...)

On va où, là ?
Pour le trajet, on évite le grand axe Oudjgorod-Khust en passant par des petites routes d'arrières pays. Pas vraiment montagneux, mais vallonnées quand même avec des petites grimpettes.


Dernier point, mieux vaut prévoir de l'argent d'avance car il n'y a pas beaucoup de distributeurs. Le mieux d'anticiper un petit paquet d'euros et faire l'échange en banque (L'euro est bien sur accepté sans problèmes), les cours sont connus et il n'y a pas d'usure pratiqué sur les devises. A l'usage, il s'avère que la commission bancaire est bien moins importante que ce que coute les achats et retraits par Carte Bleue.

Le départ est quand même difficile (des restes de notre soirée d'hier) car la température a franchement baissé à cause des orages de la nuit. Au bout d'une demi-heure, la pluie retombe même tellement fort que l'on doit s'arrêter : un bonne pluie d'été continentale, bien drue empêchant de voir la route et nous trempant jusqu'aux os (pas très prudent de rouler dans ces conditions). Par trois fois en matinée d'ailleurs, il faudra s'arrêter à cause de cette pluie.
Heureusement, la circulation n'est pas trop forte et la route de qualité correcte. La seule angoisse sera de slalomer au travers d'un troupeau de vaches traversant la route.

Maisons en bois, église orthodoxe, Lada...
Pas de doutes, nous sommes en Ukraine
Ces conditions ne sont pas fait pour nous faire avancer, et on ressent un certain découragement à 13h quand on se rend compte qu'il nous a fallu 4 heures pour faire 50 kms. La pluie et le froid humide nous ont bien ralentis et même fatigués à un point que pour une des rares fois on se fait un resto le midi au lieu de l'habituel casse-croute/pique-nique. En se souvenant du repas "cycliste" conseillé par Dusan deux jours plus tôt, on s'en tient à une alimentation roborative : soupe, pâtes et thé chaud qui nous réchauffe et réconforte bien.

Et puis l'éclaircie : le soleil revient, la température remonte et notre moral aussi. La route est bien plus agréable et nous pouvons profiter un peu mieux des paysages. Un paysage qui rappelle nos moyennes montagnes françaises, Vosges et Jura, et ces élevages extensifs. Les villages se ressemblent tous mais ont tous cet ambiance des pays de l'est...
Pas beaucoup de richesses, mais ce n'est pas la misère non plus ; on y vit comme dans nos campagnes d'il y a 30 ans ; on fait brouter la vache au bord de la route, on récupère de l'herbe pour les lapins et ont fait divers travaux...

Paysage classique de la Ruthènie
Pour améliorer l'ordinaire, beaucoup de jeunes et d'anciens font de la cueillette pour vendre au bord de la route (beaucoup de prunes, mures et champignons...). En tout cas, aucun soucis pour la route : les gens sont amicaux et nombreux sont ceux qui nous saluent, et lors de nos pauses, il y a toujours un curieux pour demander d'où l'on vient (pas facile sans l'anglais) et nous transmettre ses encouragements...
Discussion serrée : on ne veut qu'un barquette de fruit !
Pour améliorer notre ordinaire, on s'arrête devant une famille (d'origine rom, certainement) qui vendaient leur cueillette au bord de la route. Pour eux, c'est l'occasion de vendre un seau de prunes (3/4 kg ?) pour l'équivalent de 10 grivnas (soit 1€). Nous, nous voulions simplement une petite barquette pour gouter car on se voyait mal transporter un seau de fruits en vélo... Impossible de se faire comprendre, eux ne parlant que ... heu.. rom ? ukrainien ? Rusyn ? et nous, nous n'avions que l'anglais. Bref, 10 minutes de palabres pour avoir quelques fruits, eux souhaitant que nous prenions un seau entier (mais c'est impossible en vélo...), bien sur de manière très amicale.
On arrive enfin à avoir notre fond de sac de fruits, et nous payons bien sur les 10 grivnas comme si nous avions pris un seau entier. Un des jeunes nous fait remarquer que c'est trop et qu'il n'a pas de monnaie (Bizarrement, on se comprend plus facilement quand il est question d'argent), mais nous insistons pour qu'il garde tout. Bref, il n'y avait pas volonté de nous arnaquer de leur part, juste l'envie de bien nous ravitailler en fruit pour la suite de notre voyage...

Tous ces intermèdes font que notre route se passe bien mieux qu'en matinée, et nous trouvons l'énergie nécessaires pour finir la journée à Khust comme prévu. De toute façon, il n'y avait aucun moyen de dormir dans les villages et vu le temps toujours menaçant, il n'aurait pas été prudent de dormir à la belle étoile. Dans les faits, c'est 126 kms qui seront parcourus avec une arrivée pas trop tardive à 20h30, signe qu'on a bien mieux roulé l'après-midi sans pour autant rogner sur les pauses. Du soleil et pas de pannes, c'est bien d'avoir un peu de chance de notre côté aussi.
A Khust, nous dormons dans un hôtel, repéré également à l'avance sur internet...

mardi 4 août 2009

Humenné - Peretchyn

Objectif du jour, donc, l'Ukraine.

Au matin, première surprise : alors qu'on sortait de l'hôtel (à 8h) pour quelques provisions de petit déjeuner, Dusan est déjà là à nous attendre. Apparemment, il est motivé pour rouler un peu avec nous : très sympa, mais on lui explique qu'on n'a pas un rythme très rapide et qu'il risque de perdre son temps avec nous.
Malgré tout, il reste à nous attendre le temps qu'on prenne un petit déj et fassions quelques courses. Finalement, nous ne ferons qu'une vingtaine de kilomètres ensemble, lui continuant sa route ailleurs. Il est vrai que rouler à une vingtaine à l'heure de moyenne devait lui paraitre assez lent.

Une dernière photo de groupe.
Merci Dusan, pour ton sens de l'accueil et pour nous avoir prouvé que la solidarité cycliste et l'hospitalité des gens de l'est n'est pas un vain mot. En plus, avant de nous quitter, il nous a laissé quelques cartes routières de Roumanie et d'Ukraine car nous lui avions parlé de nos futures destinations.

Pour nous, objectif Ukraine. Étape moins longue que la veille car nous perdons une heure de décalage horaire à la frontière. On s'attend également à une légère attente à cause des formalités administratives. La fin du trajet en Slovaquie se passe sans souci avec notre petit grimpette quotidienne.


Vous arrivez à la fin de l'Europe
Ubla : un passage de frontière mémorable.
Secoué récemment par la révolution orange, le gouvernement ukrainien souhaite vraiment se rapprocher de l'union européenne. A cet effet, ils ont abandonné le visa nécessaire aux citoyens européens pour entrer dans le pays. Un passeport valide et un formulaire d'entrée à remplir restent quand même nécessaires, ce qui allonge les formalités administratives. Mais le poste d'Ubla est peu fréquenté.

Comme à l'accoutumée, nous (enfin Trib') prenons des photos de la Frontière : sauf que c'est rigoureusement interdit à la douane ukrainienne. A peine commençons-nous à rédiger nos formulaires d'entrée qu'un garde frontière interpelle Trib' (en ukrainien bien entendu) en lui montrant l'appareil photo. Il l'emmènera 10 minutes au poste voir la chef (qui parle un peu anglais) et reviendra nous voir pour qu'on efface devant lui les photos du poste frontière (Coup de bol, il ne demande pas la destruction de la carte mémoire). Après cela, Trib' doit retourner au poste de garde, où on lui fait la morale, que c'est interdit de photographier la frontière, et que ça mérite une heure, puis 10 heures de rétention... (si, si) : mal barré, non ? Et finalement, les choses s'arrangent: le garde demande combien coûte un café en France et explique que Trib' verrait ses affaires arrangées s'il payait un café à tous les gardes-frontière. Procédé pas très régulier mais pour nous dépêtrer de ces emmerdes (ça fait 45 minutes que ce cinéma dure), on lâche 10 €...

Et nous pendant ce temps, on profite de l'attente forcée pour remplir les formulaires d'entrée (et celui de Trib'). Le café "payé" aux douaniers, on peut faire tamponner nos passeports, et là  nouveau problème. Trib' et Dur ont un passeport récent (électronique qui scanne les renseignements) mais le mien est un ancien modèle papier. Et le douanier, en mode chieur certainement, décrète que mon passeport n'est pas valable car mon nom (d'origine polonaise) ne sonne pas français. A mon tour, j'ai droit à la visite à la chef, qui s'étonne de mes origines et demande ce que signifie "Droit de timbre acquitté" (je voyais déjà gros comme une maison qu'elle allait me demander de réaquitter un droit pour les contributions ukrainiennes, on n'est plus à un bakshish près). Finalement, je m'en sors en montrant mon permis de conduire, prouvant que c'est bien moi sur les papiers, et sans débourser un kopeck... Bref, après une heure et demie à faire l'animation à ce poste frontière, nous pouvons entrer dans le pays.

Spécial bonus, photographier les endroits sensibles n'est jamais bien vu dans certains pays et la limite entre Slovaquie et Ukraine ne déroge pas à la règle. Effectivement, peut-être étions-nous des espions préparant les voies d'invasions du pays ou des passeurs préparant le passage de clandestins ? Pas de photos donc de cet endroit et à l'avenir, nous rangerons l'appareil lors des passages de douanes.
Bref, bravo les gars de protéger votre pays mais sachez que l'on peut voir votre ligne frontière facilement sur GoogleMap... c'était pas la peine de faire autant de cinéma.

Et encore, on peut encore plus zoomer...

On a hâte d'arriver à Peretchyn pour nous remettre de nos émotions. Ces premiers kilomètres se font sans problèmes. La route est de moins bonne qualité qu'en Slovaquie mais les conducteurs font attention. On suscite également la curiosité de quelques-uns qui donnent des "bonjours" amicaux. A Peretchyn, on trouve un hôtel sans problème (hôtel que j'avais repéré à l'avance sur internet).
Premiers tours de roues en Ukraine
Peretchyn est une petite ville sans grand intérêt et typique de ces régions de l'est : son église orthodoxe, ses grandes barres d'immeubles soviétiques au centre ville, ses maisons en bois de banlieue et ses quelques bars... Comme à chaque fois (et pressés par un orage), on s'assied à un bar du centre ville pour passer la soirée. Au bout de quelques minutes, un groupe à une table voisine commence à nous parler... en italien, demandant notre nationalité. A force de mélange de français, d'italien (les deux langues ont des sons assez proches) et de polonais (au sonorité assez proche de l'ukrainien), on arrive à se comprendre. Les deux couples à coté de nous sont ukrainiens, mais ont travaillé deux ans en Italie ; de ce fait ils maitrisent plutôt bien la langue. Ils sont également contents de voir des touristes français dans leur petite ville : en conséquence tournée générale de vodka...
Apprenant que l'on fait une rando vélo, ils nous offrent une pizza "pour reprendre des forces" (on avait déjà diné mais on ne se fit pas prier pour la manger - d'ailleurs la refuser aurait été mal pris). On essaie de notre côté d'offrir notre tournée mais nos amis trouvent qu'ils n'ont pas fais assez preuve d'hospitalité et nous offrent deux nouvelles tournées de vodkas...
Bref, malgré la barrière de la langue, ces ukrainiens ont encore montré que l'hospitalité slave n'est pas un vain mot et qu'ils savaient accueillir les pauvres français égarés. Un si bon accueil d'ailleurs qu'on nous propose de rester une journée de plus pour faire la fête en discothèque le lendemain soir ; nous devons refuser car les kilomètres n'attendent pas...
Une bien bonne soirée donc, qui nous a réconcilié avec les ukrainiens après nos déboires de l'après-midi. Seul bémol, leur vodka qui n'est pas fameuse (surtout quand on vient de la Pologne voisine et qu'eux-même la coupent avec du coca) a donné mal à la tête à certains...

Repos du sportif à la manière ukrainienne

lundi 3 août 2009

Bardejov - Humenné

Au troisième jour, on peut se considérer comme échauffés et donc s'attaquer à des étapes plus dures. Avant de quitter Bardejov, nous croisons des cyclotouristes canadiens : ceux-ci tournent en Europe de l'est depuis quelques semaines pour un parcours total de 3 mois. Ils racontent en particuliers leurs soucis lors des passages de douane ukrainienne : à Uzhgorod, ils sont refoulés car la douane est interdite aux vélos (on n'y passait pas de toute façon, car c'est un gros passage de transit international, mais c'est bon à savoir); ils remontent à la douane suivante à Ubla (notre futur passage - 50 km pour eux), et se font refouler car cette douane est réservée aux européen. Finalement, ils ont pu passer la douane à la frontière hongroise, 120 km plus loin. Conclusion de tout cela : les douaniers ukrainiens sont assez tatillons et peu ouverts à la discussion. Bon à savoir !

En attendant, nous reprenons la route.

Pas de vraies difficultés, à peine une grosse montée. Les montagnes sont moins hautes que lors du franchissement de la frontière polonaise. Le paysage ressemble un peu aux Vosges.

Route slovaque tranquille
Le réseau routier est en bon état, les voitures nous évitent bien, bref, aucun souci de route. Avec les slovaques, pas de souci également. En plus de l'anglais, ils parlent ... slovaque (forcément), langue assez proche du polonais, ce qui me facilite les mots de base.

Vue sur les Carpates slovaques

La zone que nous traversons a eu une histoire assez mouvementée, en tant que limite entre Pologne et Hongrie, et regorge de nombreux vestiges d'anciens châteaux. On se permet de grimper quelques buttes pour admirer les paysages et se dégourdir les jambes

Le château de Brekov (enfin, ce qu'il en reste)
On arrive à 18h à Hummené, un peu fatigués, à la recherche d'un hôtel. Les explications du Lonely sont peu claires et nous restons un bon quart d'heure à tourner en rond. C'est alors qu'on se fait accoster par un gars nous demandant ce que l'on cherche (en parlant un mélange d'allemand et de Slovaque). Bon, on se méfie toujours de ce genre d'approche mais j'en profite pour demander où trouver un hôtel pas cher.
Le gars, à ce moment, nous demande d'attendre 10 minutes et se barre... pour revenir effectivement 10 minutes plus tard en vélo de rando de compétition, pour nous guider ensuite vers un petit hôtel d'Hummené (tellement discret qu'on ne l'avait pas vu alors qu'on était passé devant plus tôt).

Cela aurait du nous mettre la puce à l'oreille, mais avec les jambes rasées et les chaussures cyclistes (en plus du super vélo), cette personne en question était un cyclo-randonneur comme nous. Bon, sur le moment, on ne pouvait que l'inviter à boire un coup pour le remercier et c'est au cours des discussions qu'on apprit ses multiples pérégrinations en Europe (France, Italie, Espagne), avec un niveau autrement plus élevé que nos petites escapades...

Enfin, quand je dis inviter... En fait, Dusan (le nom de notre nouvel ami) nous a payé notre première tournée; on a eu du mal à payer la deuxième avant qu'il nous en repaye une troisième, puis commande le repas (Comme en Lituanie, de nombreux bars en Slovaquie font aussi de la restauration). Un repas de cycliste justement, roboratif et reconstituant: soupe et pâtes étaient au menu. Et nous avons passé une bonne partie de la soirée à discuter des randos passées et à venir, en particulier notre futur passage en Ukraine. Un repas que Dusan nous a payé également : Ttrès gentil mais on peut quand même se débrouiller, et puis, c'était à nous à la rigueur de lui payer le repas. Impossible de lui faire comprendre cela (ou alors, il n'a pas voulu comprendre... ah, cette barrière des langues.)


Merci Dusan, donc, pour cet accueil et cette solidarité cycliste.

dimanche 2 août 2009

Nowy Sącz - Bardejov

Une deuxième étape plus courte pour se remettre des premières fatigues mais avec des montées plus importantes.

Nous démarrons tranquillement et au bout de 5 kms premier arrêt démontage: notre poisse technique reprendrait-elle ?
Premier arrêt technique.
Sur le coup, c'est juste un garde-boue qui frotte et qui sera démonté, mais nous rigolons un peu car c'est Trib' qui a cette panne, lui qui avait traversé la Pologne l’année précédente sans aucun soucis.

La première partie de l'étape se fait dans l'ascension régulière des Tatras. La région est renommée pour ses nombreuses églises en bois, certaines étant inscrites aux patrimoine mondial de l'humanité. A noter que l'on retrouve autant d'édifices catholiques qu'orthodoxes. Ces derniers étant des "Uniates" c'est à dire gardant le dogme orthodoxe tout en étant rattachés à l’église catholique...
Une église en bois à Tylicz
C'est l'occasion également de faire notre première vraie ascension. Le terrain est beaucoup plus vallonné et on est franchement en moyenne montagne. La grimpette en elle-même n'est pas difficile. D'une manière générale, les gens du coin ont fait les routes au plus pratique : elles suivent longtemps les fonds de vallées, avant de passer les crêtes avec le moins de montées possibles (cela se vérifiera dans les pays suivants).

De la même manière, c'est de cette façon qu'étaient tracées les frontières et il faut regrimper pour passer la frontière Slovaque. Là, on peut constater que l'Europe a fait du bon travail. Du temps du communisme, il n'y avait aucun chemin mais une belle route a été tracée depuis. Schengen oblige, il n'y a plus aucun signe de Douane à la frontière, juste un simple panneau...

Photo touristique classique... on fait ce qu'on peut
La frontière passée, c'est la descente sur Bardejov. La pente et le bon état de la route font qu'on attaque franchement cette descente a des bonnes vitesses (60 km/heure)... ça va vite, très vite... trop vite même car des policiers en faction nous ont vu et nous en pris immédiatement en chasse (Trib' en retrait, a bien vu leur démarrage foudroyant). Donc : arrêt forcé !
La raison de cette interpellation ? En fait, ils nous ont fait un beau laïus en slovaque (incompréhensible, forcément) dont le seul mot que j'ai compris est "Halmat", ressemblant au "Helmat" anglais, le Casque. Car effectivement, je ne porte pas de casque en roulant (enfin c'est ce que je pense).
Bref, j'ai eu droit à une réprimande en slovaque (mais dans ces moments là, on ne fait aucun effort pour comprendre les langues étrangères..), sûrement parce que c'est pas bien de rouler à fond dans les descentes sans protections... puis nos justiciers de la route sont repartis, leur devoir accompli.

On arrive à Bardejov sans autre embêtement et relativement tôt: nous trouvons une petite pension pour loger en plein centre ville.
Et là problème: je me rends compte que j'ai perdu mon passeport ! N'y ayant pas touché durant l'étape, il est certain que je l'ai laissé à l’hôtel de Nowy Sacz. Évidemment je devais le retrouver, ne serait-ce que pour rentrer en France. Mais comment faire à 17h un dimanche soir ? Je me voyais mal me refaire l'aller-retour en vélo...
Là, notre hôtesse fut formidable car elle se démena pour trouver un taxi. Et finalement, elle trouva une personne pour me faire un transport "au noir", pour un prix relativement modique (40 € pour 125 kms à faire). A 19 heures, j'avais récupéré mon passeport et nous pouvions visiter un peu la ville.

Merci donc à Maryan qui s'est occupée de nous. Vous pouvez passer à sa pension, l’hôtel est bon marché et agréable.
PENZIÓN HRADBY
Stöcklova 88/8
BARDEJOV

Place centrale de Bardejov
Bardejov est une petite ville typique de la région, intéressante à visiter, quoiqu'un peu petite. Pas de soucis pour le ravitaillement en Slovaquie en tout cas car ils sont d'ailleurs passés à l'Euro et nous avons la monnaie nécessaire pour visiter quelques bars et fêter nos aventures. Nous rencontrons Stefan, étudiant slovaque qui rentre d'un an d'études à Bordeaux et qui parle un français impeccable en nous décrivant son pays. Sur son conseil, nous testons quelques alcools locaux, dont la Slivovica à 70°... ça pique un peu aux gencives.

Tout cela avec modération, bien sur, car il fallait reprendre la route le lendemain..