mardi 4 août 2009

Humenné - Peretchyn

Objectif du jour, donc, l'Ukraine.

Au matin, première surprise : alors qu'on sortait de l'hôtel (à 8h) pour quelques provisions de petit déjeuner, Dusan est déjà là à nous attendre. Apparemment, il est motivé pour rouler un peu avec nous : très sympa, mais on lui explique qu'on n'a pas un rythme très rapide et qu'il risque de perdre son temps avec nous.
Malgré tout, il reste à nous attendre le temps qu'on prenne un petit déj et fassions quelques courses. Finalement, nous ne ferons qu'une vingtaine de kilomètres ensemble, lui continuant sa route ailleurs. Il est vrai que rouler à une vingtaine à l'heure de moyenne devait lui paraitre assez lent.

Une dernière photo de groupe.
Merci Dusan, pour ton sens de l'accueil et pour nous avoir prouvé que la solidarité cycliste et l'hospitalité des gens de l'est n'est pas un vain mot. En plus, avant de nous quitter, il nous a laissé quelques cartes routières de Roumanie et d'Ukraine car nous lui avions parlé de nos futures destinations.

Pour nous, objectif Ukraine. Étape moins longue que la veille car nous perdons une heure de décalage horaire à la frontière. On s'attend également à une légère attente à cause des formalités administratives. La fin du trajet en Slovaquie se passe sans souci avec notre petit grimpette quotidienne.


Vous arrivez à la fin de l'Europe
Ubla : un passage de frontière mémorable.
Secoué récemment par la révolution orange, le gouvernement ukrainien souhaite vraiment se rapprocher de l'union européenne. A cet effet, ils ont abandonné le visa nécessaire aux citoyens européens pour entrer dans le pays. Un passeport valide et un formulaire d'entrée à remplir restent quand même nécessaires, ce qui allonge les formalités administratives. Mais le poste d'Ubla est peu fréquenté.

Comme à l'accoutumée, nous (enfin Trib') prenons des photos de la Frontière : sauf que c'est rigoureusement interdit à la douane ukrainienne. A peine commençons-nous à rédiger nos formulaires d'entrée qu'un garde frontière interpelle Trib' (en ukrainien bien entendu) en lui montrant l'appareil photo. Il l'emmènera 10 minutes au poste voir la chef (qui parle un peu anglais) et reviendra nous voir pour qu'on efface devant lui les photos du poste frontière (Coup de bol, il ne demande pas la destruction de la carte mémoire). Après cela, Trib' doit retourner au poste de garde, où on lui fait la morale, que c'est interdit de photographier la frontière, et que ça mérite une heure, puis 10 heures de rétention... (si, si) : mal barré, non ? Et finalement, les choses s'arrangent: le garde demande combien coûte un café en France et explique que Trib' verrait ses affaires arrangées s'il payait un café à tous les gardes-frontière. Procédé pas très régulier mais pour nous dépêtrer de ces emmerdes (ça fait 45 minutes que ce cinéma dure), on lâche 10 €...

Et nous pendant ce temps, on profite de l'attente forcée pour remplir les formulaires d'entrée (et celui de Trib'). Le café "payé" aux douaniers, on peut faire tamponner nos passeports, et là  nouveau problème. Trib' et Dur ont un passeport récent (électronique qui scanne les renseignements) mais le mien est un ancien modèle papier. Et le douanier, en mode chieur certainement, décrète que mon passeport n'est pas valable car mon nom (d'origine polonaise) ne sonne pas français. A mon tour, j'ai droit à la visite à la chef, qui s'étonne de mes origines et demande ce que signifie "Droit de timbre acquitté" (je voyais déjà gros comme une maison qu'elle allait me demander de réaquitter un droit pour les contributions ukrainiennes, on n'est plus à un bakshish près). Finalement, je m'en sors en montrant mon permis de conduire, prouvant que c'est bien moi sur les papiers, et sans débourser un kopeck... Bref, après une heure et demie à faire l'animation à ce poste frontière, nous pouvons entrer dans le pays.

Spécial bonus, photographier les endroits sensibles n'est jamais bien vu dans certains pays et la limite entre Slovaquie et Ukraine ne déroge pas à la règle. Effectivement, peut-être étions-nous des espions préparant les voies d'invasions du pays ou des passeurs préparant le passage de clandestins ? Pas de photos donc de cet endroit et à l'avenir, nous rangerons l'appareil lors des passages de douanes.
Bref, bravo les gars de protéger votre pays mais sachez que l'on peut voir votre ligne frontière facilement sur GoogleMap... c'était pas la peine de faire autant de cinéma.

Et encore, on peut encore plus zoomer...

On a hâte d'arriver à Peretchyn pour nous remettre de nos émotions. Ces premiers kilomètres se font sans problèmes. La route est de moins bonne qualité qu'en Slovaquie mais les conducteurs font attention. On suscite également la curiosité de quelques-uns qui donnent des "bonjours" amicaux. A Peretchyn, on trouve un hôtel sans problème (hôtel que j'avais repéré à l'avance sur internet).
Premiers tours de roues en Ukraine
Peretchyn est une petite ville sans grand intérêt et typique de ces régions de l'est : son église orthodoxe, ses grandes barres d'immeubles soviétiques au centre ville, ses maisons en bois de banlieue et ses quelques bars... Comme à chaque fois (et pressés par un orage), on s'assied à un bar du centre ville pour passer la soirée. Au bout de quelques minutes, un groupe à une table voisine commence à nous parler... en italien, demandant notre nationalité. A force de mélange de français, d'italien (les deux langues ont des sons assez proches) et de polonais (au sonorité assez proche de l'ukrainien), on arrive à se comprendre. Les deux couples à coté de nous sont ukrainiens, mais ont travaillé deux ans en Italie ; de ce fait ils maitrisent plutôt bien la langue. Ils sont également contents de voir des touristes français dans leur petite ville : en conséquence tournée générale de vodka...
Apprenant que l'on fait une rando vélo, ils nous offrent une pizza "pour reprendre des forces" (on avait déjà diné mais on ne se fit pas prier pour la manger - d'ailleurs la refuser aurait été mal pris). On essaie de notre côté d'offrir notre tournée mais nos amis trouvent qu'ils n'ont pas fais assez preuve d'hospitalité et nous offrent deux nouvelles tournées de vodkas...
Bref, malgré la barrière de la langue, ces ukrainiens ont encore montré que l'hospitalité slave n'est pas un vain mot et qu'ils savaient accueillir les pauvres français égarés. Un si bon accueil d'ailleurs qu'on nous propose de rester une journée de plus pour faire la fête en discothèque le lendemain soir ; nous devons refuser car les kilomètres n'attendent pas...
Une bien bonne soirée donc, qui nous a réconcilié avec les ukrainiens après nos déboires de l'après-midi. Seul bémol, leur vodka qui n'est pas fameuse (surtout quand on vient de la Pologne voisine et qu'eux-même la coupent avec du coca) a donné mal à la tête à certains...

Repos du sportif à la manière ukrainienne

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